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 - P a s D e L o u p.

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Wild Cat
PNJ ;; once upon a time
Wild Cat



M e s s a g e s : 299
I n s c r i p t i o n : 25/02/2010


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MessageSujet: - P a s D e L o u p.   - P a s D e L o u p. EmptySam 13 Mar - 18:59

    I ; identity card

    Nom;

    Pas de Loup. - Etrange chose qu’est cet assemblage de mot. Tel un rouage bien huilé, ils se fondent les uns aux autres, formant un ensemble bien défini quant à lui. Un groupe nominal. Un nom. Et à quoi sert donc un nom ? A désigner une personne. A englober un être dont l’essence même nous dépasse. Il est bien plus simple de le désigner par quelque chose plutôt que de rester silencieux, incapable de placer un mot sur cet être, un être qui n’a pas de nom. Lui, conviendrais mieux. Simple, claire, défini. Il montre notre ignorance vis-à-vis de la désinence de cette personne. Ce pronom nominal, lorsque l’on sait lire entre les lignes, signifie « quel est donc ton nom ? » – « je ne te connais pas, mais j’aimerais. » – « soyons amis, je t’en prie. ». Toutes ces choses. Et sournoisement, les phrases n’en sont plus, ce ne sont plus qu’une suite de sous-entendus que l’on essaye de faire passer pour des phrases. Une phrase est une idée. Chaque point marque la fin de cette idée. « Pas de Loup. » est une idée.

    C’est mon nom, à vrai dire.

    Sexe;

    Sexe ? -Un doute, une fois encore. Mon corps entier clame « masculin », mais mon esprit me dit qu’il ne sait pas et qu’il n’a vraiment pas envie de savoir, qu’il n’y voit strictement aucunes utilité. Le sexe est encore un critère pour cataloguer les gens. Serai-je hors-catégorie si j’étais hermaphrodite ? J’en suis sûr. Mais non, je suis un mâle. Je l’affirme, avec résignation, mais tout de même, je l’affirme.

    Âge;

    Âge ? – Quelle est l’importance de ceci ? L’âge permet-il vraiment de cataloguer les gens dans une catégorie qui leur est propre ? Si je dis que je n’ai pas d’âge, serai-je alors exclu ? En dehors de tout groupe, quel qu’il soit ? Alors, oui. Je n’ai pas d’âge. Je n’en ai jamais vraiment eu. Je ne sais pas où, ni comment je suis venu au monde. Ni quand. Quel est mon quotient de vieillesse ? Douze lunes ? Une demi-douzaine ? Quarante-deux ? Cent-vingt-cinq ? Deux cent quatre-vingt-cinq ? Je n’en sais strictement rien et personnellement, je n’en ai cure. L’âge est comme la désinence. Elle sert à nous désigner, à nous classer dans une certaine catégorie pour permettre au cerveau de nous retenir. Je ne suis ni âgé, ni jeune. Enfin de compte, qu’en sais-je vraiment ?

    Clan et Rang; [Vent ; Guerrier.]

    Clan ? – Un clan. Une idée totalement idéaliste. Celui qui a mit les mots chat sauvage et clan dans la même phrase était un utopiste qui, tel Marx, croyait pouvoir modifier l’essence même de ce qui fait de nous des chats « sauvages ». Les animaux tels que nous sont censés être solitaires, car c’est dans notre quintessence même. Les clans sont une perversion de la nature ; les Bipèdes ont trop influencé nos ancêtres, ils les ont humanisés. Tout cet assemblage de guerriers, de chats complètement crédules et aveugles me donnent envie de vomir. Ne se rendent-ils pas compte que leur existence même n’est qu’un immense mensonge ? La vie étant déjà un concept stupide en lui-même, à quoi cela rime-t-il de protéger les faibles, de chasser pour eux ? Sauvage signifie non-domestiqué, c'est-à-dire solitaire, en somme. La politique « aider le plus faible » dont tous les chats de ces clans ont baigné depuis leur plus tendre enfance leur a lavé le cerveau. Leurs vies ne sont qu’un tissu d’absurdités et eux-mêmes se prennent presque pour les Bipèdes ; à adopter leur mode de vie sédentaire et leurs coutumes. Les clans sont une transposition des sociétés Bipèdes.

    Alors, non, je n’ai aucun clan.

    II ; behind the surface

    [color=#000000]Histoire;

    Posts prochains.

    [color=#000000]Physique;

    Physique. Question superficielle et profonde à la fois.

    Je ne suis pas comme tant de personnes, qui pensent que le physique est le reflet de notre personnalité. Car, un homme au physique de loubard en est-il vraiment un ? Ou une jeune fille au visage d’ange en est-elle vraiment un ? J’en doute, et c’est cela qui m’amène à croire qu’en fin de compte le physique compte peu, dans les relations humaines. Bien sûr, il y aura toujours des bellâtres rabat-joie qui diront qui le physique prévaut plus que tout. Mes Dames, mes Sieurs, bienvenue dans le très éthéré des gens qui pensent que les apparences sont la clef de tout. Etoile du Tigre n’était pas une beauté, et pourtant il fut le plus grand chat de la forêt (expression risible, sois-dit en passant). Moi-même, je ne me considère pas comme quelqu’un d’exceptionnellement beau et pourtant je vis très bien avec. J’ai un caractère bien à part et bien à moi, et c’est lui qui me diffère des autres, tous semblables pour la plupart ; des chats beaux au sale caractère. Je ne fais pas parti des rebelles, chers amis, ni des gentils, ni des méchants. Neutre, me dirai-je. Mais bref. Ceci n’est pas le sujet, et puisque l’on m’a demandé si gentiment de me décrire, alors je vais m’exécuter.
    Gris.

    Le gris est une couleur prédominante chez moi. De mes yeux, en passant par mon pelage jusqu’à mon museau. Seuls mes yeux font une légère entorse au règlement, ils sont gris-bleu. Bleu rêve, comme disait Amour du Ciel. N’était pas très doué en auto-description, je vais reprendre l’expression qu’elle employait lorsqu’elle parlait de mes yeux, qu’elle trouvait splendides, sois-dit en passant. « Son pelage est de nuit et ses yeux de rêve. Ni tout à fait bleus, ni tout à fait gris. Ils sont incernables, tout comme lui. Pour les manichéens, ils seraient dans le gris, tout simplement. Ni bon ni méchant. Ni bleu ni gris. J’ai l’impression de pouvoir me perdre dans son regard, infiniment. Pouvoir plonger dans un rêve, qui se passerait éveillé. Si cette couleur est le reflet de sa personnalité, alors je l’admire. L’admire d’être si … Incernable. Dans le trouble. Si mystérieux dans sa noirceur. Tout son être clame qu’il est différent, différent de nous tous. Ses yeux en sont la preuve. Si beaux… Ils sont si beaux… Si nous étions humains, je serais alors passionnée par lui, comme ils diraient. Ce chat n’est pas fait pour en être un. Si leur dieu existe, alors il s’est trompé d’enveloppe charnelle en le créant. Bleu-gris. Bleu rêve. Gris doux. Acier bleuté. Des multitudes d’éclats traversent ses pupilles, comme des millions d’étoiles le font chaque nuit depuis le début des temps. Aussi mystérieux qu’un loup. Aussi silencieux que son pas. Pas de Loup. » … Je ne sais pas où elle allait trouver ce qu’elle monologuait, mais cela m’a toujours un peu ému. Elle pouvait voir un peu à travers moi, je n’étais pour elle pas aussi opaque que pour les autres, ce que je trouvais assez remarquable.

    Mon pelage. Gris, gris, gris. Doux, aux couleurs délectables, comme du velours ou de la soie. Éclatant voluptueusement au soleil, brillant à la lueur de la lune… Digne des publicités L’Oréal Paris. Ne manquerait plus que le regard aguicheur, le sourire Hollywoodien et la voix de Brad Pitt et ce serait parfait. Cependant, je n’ai aucun des trois attributs qui suivent, à mon grand plaisir, d’ailleurs. Je ne me suis jamais vu jouer les starlettes de Broadway et ma pathétique petite vie de chat mâle errant me convient parfaitement. Malgré la pollution de la ville, les flaques d’eau sale, les égouts, ma fourrure reste fidèle à elle-même : grise. Tellement grise. Sans quelconques rayures plus foncées ou taches qui viendraient gâcher l’ensemble. Du gris. Tellement de gris. Seulement du gris. Trop de gris. Répéter ce mot plusieurs fois lui enlève son sens, le rendant étranger à nos oreilles. Drôle, non ? Notre langage est censé être compréhensible de tous, et pourtant, voilà. Mais je ne m’étendrais pas plus que cela sur ce sujet qui dévie totalement de l’initial (quand je vous disais que je sautais du coq à l’âne…) – Je me targuerais bien de ma longue queue si elle n’était pas ponctuée d’un pinceau de poils ébènes, qui tranchent avec vulgarité le gris si doux du reste de mon corps. De longs muscles fins se meuvent sous ma peau, rendant souples chacun de mes mouvements.

    Mon visage. Ou plutôt ma gueule, comme qualifierais les humains. Un museau gris, étroit et aquilin. Digne des plus grands. Mais étant donné que je ne suis grand qu’au sens propre du terme, et non pas dans l’âme, alors je vais me taire et continuer la pénible tâche qui m’a été donnée : me décrire. Mes oreilles sont pareilles aux autres, triangulaires, avec un fin pinceau de poils anthracite à la pointe. L’intérieur est rose si vous en doutiez. Ma physionomie (vive les mots scientifiques) est assez anguleuse. Les traits de mon visage sont pointus et aigus, comme si un orfèvre avait pris son temps pour sculpter ce qui serait plus tard, ma tête. Je ne pense pas avoir grand-chose de plus à dire. N’étant pas non plus une œuvre d’art, je m’étanche vite de toute description. Alors je pense que ce sera tout ce que vous saurez sur moi. L’inconnu n’en est plus un s’il ne garde pas en lui une part de mystère.

    Caractère;

    Caractère. Question simple et compliquée tout à la fois.

    Qui suis-je vraiment ? De simples adjectifs peuvent-ils vraiment décrire un être à part entière ? On-t-il véritablement ce pouvoir ? Non, je ne pense pas. Alors je vais m’étendre, palabrer toujours et encore. Comme ce magnifique proverbe le certifie, l’intelligence, c’est comme du beurre. Moins on en a, plus on l’étale sur la tartine. Sauf que dans le cas présent, je ne parlerais pas d’intelligence, mais plutôt du savoir d’auto description, qui manque cruellement à mon curriculum vitae personnel. Bref. Pour me décrire… Je me dirais plutôt cruellement sarcastique. Le cynisme est largement dans mes cordes, mais je me complais plus dans les sarcasmes, moins incisifs et dont la palette créative est beaucoup plus étendue. Je ne me considère pas comme « aigri », car à mon point de vue, seuls les vieilles harpies males léchées peuvent véritablement l’être sans sur jouer, car c’est dans leur nature, simplement. Je ne rie pas beaucoup, et quand cela arrive, très rarement. Le plus souvent, les rictus sont au rendez-vous. Jamais un vrai sourire, je pense, de toute manière je ne sais pas sourire. Alors je m’en tiens aux grimaces sarcastiques, et aux rictus de base. Comme un débutant. Je ne me dirais pas schizophrène, mais presque. Je crois que j’ai hérité ça de ma mère – c’était sa spécialité, de jouer sur les mots, de sauter du coq à l’âne, de passer d’une facette à l’autre.

    Je peux être peu loquace et rire pour une raison à peine connue de moi-même la seconde suivante. Ou encore me parler à moi-même, dans les pires jours. Vous savez, les flaques d’eau sont très utiles pour les personnes comme moi. Parler à son reflet nous donne l’impression de parler à une autre personne qui a un tout autre caractère que le nôtre, alors qu’en fait, nous ne faisons qu’une seule et même personne. C’est si affligeant que c’en ai presque drôle. Donc résumons, je suis caricaturalement burlesque ; ceci est un assemblage de mots inventés par ma petite personne dont je suis très fier. Ils veulent tout deux dire exactement la même chose, mais sont si différents qu’en les assemblant, cela donne l’impression d’engrener deux choses totalement opposées. Ah, oui. Ceci est une autre de mes spécialités : partir d’une idée et partir en « free style » sur tout autre chose. Tel Théophile Gautier, je fais du trampoline sur une idée pour arriver à tout autre chose. Mais je me répète ; alors passons.

    Je ne me dirais pas froid et hautain ; je ne suis pas non plus une sorte de Don Juan version féline, qui enchaîne conquête sur conquête. Cela est d’une telle puérilité... Ma foi, je pleins ceux qui sont ainsi. Cela doit être terrible de vivre chaque jour que Dieu fait en se disant que l’on doit rester ainsi, figé dans le temps et ne pas évoluer. Rester tel un gamin un peu trop fier et orgueilleux en son âme et cœur et grandir. Car le résultat est.. Quelques peu étrange. Enfin, bref. Je me perds encore dans mon monologue. Nous parlions caractère, si je ne m’abuse ? Je me complais à dire que je suis un « désabusé ». Tel un chef de guerre qui a tout vu et tout entendu au cours de sa carrière, rien ne m’étonne – ou presque. Je ne suis pas manichéen. Mais je dirais que je suis ni tout blanc, ni tout noir. Mais plutôt gris ; un côté bon et un mauvais. Je peux être très spontané (ce qui tout de même reste rare) mais je suis le plus souvent grand philosophe ; comme ces Bipèdes – nom totalement idiot, ma foi, car cela veut littéralement dire « deux pieds ». Les kangourous ont deux pieds, les oiseaux aussi et pourtant ils ne sont pas appelés Bipèdes, à ce que je sache … Mais bref.

    Je suis le plus souvent philosophe, j’adore palabrer des heures et des heures sur des sujets totalement anodins au devant, mais qui sont très profond à mon humble avis. La théorie de Marx est un de mes sujets préférés. Cet Homme était si aveugle qu’il a crut que les Bipèdes pouvaient vivre ensemble sans s’entretuer ou se chercher des noises. Il se retournerait dans sa tombe s’il savait ce que la Chine a fait de sa théorie du « tout partager », autrement nommé communisme. Je suis très sceptique concernant mes compères qui vivent en clan, mais cela vous le saviez déjà, n’est-il pas ? En somme, et pour faire bref, je suis très compliqué et assez ridicule dans toute ma splendeur. (je fais des phrases qui ne veulent strictement rien dire, c’est assez pathétique). Je parle beaucoup pour ne rien dire, je suis une sorte d’ermite qui se serait terré en lui-même trop tôt. Je n’ai qu’à peu près une vingtaine de lunes, je crois, si mes calculs sont bons.

    III ; who are you ?

    Puf; GreenLeek.
    Comment es-tu tombé sur le forum ? .. Lol, comme dirait certains.
    Pourquoi t’y es-tu inscrit(e) ? Comme ça, par pure envie.
    Code; Hrm x).
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MessageSujet: Re: - P a s D e L o u p.   - P a s D e L o u p. EmptySam 13 Mar - 19:00

  • Par quoi commencer ?

    Par le début, me direz-vous. En toute logique, c’est par là qu’il faut commencer. Cependant … Je n’ai pas envie de faire tout dans les règles de l’art. Je ne raconterais pas la traditionnelle histoire du pauvre chaton abandonné par tous qui miraculeusement trouve refuge dans un clan auquel il voue sa vie, son existence.. Et cætera. C’est bon pour les mômes, ce genre de conte. La réalité est moins bonne enfant, beaucoup plus rude, dure. La prairie laisse place à du béton, les aquarelles vives de la forêt à une couleur glauque, à un éternel brouillard humide et grisâtre. Bienvenue dans mon monde. L’eau qui file à tout allure dans les égouts est toxique, pleine d’huile de moteur, d’essence … Une odeur nauséabonde et grasse flotte constamment dans les bas quartiers de notre cher ville. Le désespoir imprègne l’air à un point tel qu’il en est devenu irrespirable. Les trottoirs sont gris, sales. Des déchets de toute sorte les jonchent. La pollution est tant incrustée dans l’air qu’elle en est devenue une partie. De constant nuages de mauvaise augure flottent au dessus, menaçants. Jamais je n’ai vu un soleil éclatant, jamais je n’ai senti autre odeur que celle des déjections de chien mêlée aux égouts et à la saleté environnante. L’herbe m’est inconnue, la terre aussi. L’eau propre et limpide est un rêve, un simple rêve. Les douces brises ne sont plus depuis fort longtemps par là ; seul un vent froid, humide et gras vous prend à chaque instant d’inattention. Que faire dans ces cas là ? Depuis longtemps, ceux qui ne s’y sont pas adaptés sont morts. Ou crèvent encore de faim, quelque part.

    Je ne connais pas grand-chose de ma naissance. Mes parents ont dû sûrement regretter d’avoir fait une portée, vu la famine qui venait de s’installer. Mon père a fait comme nombre d’autres, après avoir fait des enfants à ma mère, il a reprit tout naturellement son ancien mode de vie, en solitaire. Je n’ai que de vagues souvenirs de mon enfance. Pour la plupart, des sensations. L’humidité froide de l’air, le choc dur du béton sous mes pattes, les flancs osseux de ma mère. Je n’ai jamais connu son nom. Je ne me rappelle d’elle que comme une présence rassurante, comme un garde-fou. De son physique, je ne me rappelle qu’une seule chose : ses yeux. Deux perles grises, aussi profondes que les miennes. Je pense me rappeler que je passais des heures à les contempler, en boule, contre son flanc. Je n’avais pas de frères et sœurs. Depuis petit, j’ai été toujours très seul. Ma mère ne parlait jamais, communiquant le plus souvent par des gestes ou des regards. Elle était très « primitive », si puis-je dire. J’aurais juré qu’elle ressentait des choses, mais jamais elle ne les montrait. Je pense que c’était une chatte très secrète, qui ne s’ouvrait pas facilement. Enfin, c’est ce qu’il faut être, en ce bas-monde si on ne veut pas se faire bouffer par les autres. Se refermer sans laisser de prises aux peut-être assaillants qui essaieraient de s’en prendre à nous. C’est dur, la vie. Contrairement à ce que certains pourraient croire, elle n’est pas pleine de rose et de bisounours.

    Ma mère est morte lorsque j’avais à peu près huit lunes, il me semble. Un jour, elle est partie sans même dire au revoir et n’ai jamais revenue. J’en ai conclue qu’elle était décédée. Je ne crois pas avoir été triste pour elle. C’était une chatte silencieuse et bourrue, avec qui il était difficile d’échanger. Je crois qu’elle s’occuper de moi uniquement par instinct maternelle et par pitié. Je ne l’aimais pas. Elle était un point d’ancrage, simplement. Ma mère était mon point d’ancrage, un objet qui me servait à me réfugier lorsque tout me semblait trop dur autour. Lorsqu’elle est partie, j’ai quitté notre nid « douillet » à mon tour. J’étais assez grand pour pouvoir à peu près m’occuper de moi. Pendant plusieurs jours, il me semble, j’ai déambulé sans but dans les rues sombres. Le ciel était égal à lui-même : éternellement gris. De temps en temps, une pluie sale et grasse venait s’écraser sur le sol poisseux de la ville. Avec de la chance, j’arrivais parfois à attraper une bestiole ou deux pour combler ma faim. Cette ville était un capharnaüm. Mon enfer personnel, en quelques sortes.

    Nuit et jour, les routes, les grillages, tout restait égal à lui-même : gris. Au fil du temps, j’ai suis venu à penser que j’étais peut-être le mieux adapté, que c’était pour cela que j’étais d’un gris doux, indéfinissable, tout comme le reste de la cité. Les rats, les souris, étaient gris. La route, les rues, les immeubles géants ; gris. Le ciel, l’eau qui coulait dans les égouts, les pigeons écrasés par les voitures ; gris. Certes, il y avait des nuances de gris, plus ou moins foncé, mais cela restait du pareil au même. Cela me faisait penser à un siphon sans fin, un ouragan de gris qui m’emportait … Me faisait tourner la tête, me faisait faire des cauchemars tout de gris vêtus. J’en avais une constante envie de vomir, à force. Un surplus de gris, un excès de terne, une overdose de la ville. Sale, gras et morne. Pour la première fois de ma courte existence j’avais réussi à décrire un lieu avec seulement trois adjectifs. Moi qui disais que rien ne pouvait être décrit juste à l’aide de quelques malheureux adjectifs, je m’étais fourvoyé du début à la fin. Bien sur qu’il était possible de décrire une personne, un lieu ou un objet à partir de quelques mots, de quelques lettres, de quelques syllabes. C’était seulement que je n’en avais pas encore fait l’expérience. A l’instant où cette découverte fondamentale renversait tout ce en quoi j’avais cru depuis le début, je fis l’une des rencontres les plus importantes de toute mon existence, il me semble.

    Elle s’appelait Eternelle Renaissance. Je crois que mon œil l’a repérée dès la première fois parce qu’elle était différente. Tellement différente. Trop différente. Un pelage d’un blanc immaculé parsemé de grosses taches dorées. Et ses yeux. Deux grandes émeraudes brillantes et étincelantes. Du haut de sa splendeur, elle m’éblouit. Pour la première fois, je ressentis ce que l’ont appelle communément « émerveillement ».

    Elle n’était ni plus forte, ni plus agile qu’une autre. Elle n’était pas très belle. Et pourtant, c’est sa clarté qui eut raison de mes derniers doutes. Elle avait un rôle à jouer dans toute cette histoire, j’en avais la franche conviction, à partir de cet instant. Cependant … Je n’osais pas l’approcher. De peur de briser cet instant magique, peut-être. Enfaite, sur le moment, je ne le savais pas vraiment … et encore aujourd’hui, je me le demande encore. Etrange réaction, me direz-vous. Je confirme, elle était grotesque. Et pourtant, c’est la seule que j’eus devant elle. Je ne pense pas qu’au premier coup d’œil elle m’ait remarqué ; je me fondait tellement bien dans la masse grisonnante aux alentours qu’elle allait certainement me confondre avec un rocher ou une autre forme de vie minérale.
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